L’acte de barbarie qui a conduit à la mort de notre collègue Samuel Paty n’a pas laissé nos communautés de l’enseignement, de la maternelle au supérieur, indemnes. Après le choc et la peine, comme beaucoup de citoyens, nous, les personnels de l’enseignement supérieur et de la recherche, avons eu un instant l’espoir de voir notre Nation se réunir pour affronter toute la complexité du monstre de l’obscurantisme, du fanatisme et de la haine.
Nous avons eu espoir, un instant, que notre société comprendrait la nécessité mais aussi la difficulté des missions qu’elle nous confie et le manque de moyens qui nous rend souvent démunis.
Nous avons eu l’espoir que la recherche, particulièrement celle en sciences humaines et sociales, puisse être placée au centre de l’action de notre État républicain pour lutter contre ce fléau.
Nous savions, malheureusement, que les raccourcis intellectuels et les explications simplistes seraient rapidement de retour. Nous savions, aussi, que l’union nationale des premiers jours serait fragile et que certains céderaient trop vite à la tentation de trouver des boucs émissaires. Nous savions, enfin, que d’autres s’engouffreraient dans des calculs électoralistes peu glorieux.
Par contre, ce que nous n’avions pas envisagé, c’est que le Ministre de l’Éducation Nationale, Jean Michel Blanquer, puisse à lui seul se couvrir de l’ensemble de ces maux.
Ainsi, quelques jours seulement après le lâche assassinat de notre collègue qui apprenait à nos enfants la profondeur de la liberté d’expression, ce Ministre nous défie de dire le contraire de ses propos. Quelques jours seulement après le deuil national, au sein même de la Sorbonne, ce Ministre jette l’opprobre sur la communauté scientifique en la catégorisant de criminelle ou d’imbécile.
Pour le SNPTES ces propos sont insultants, creux et surtout indignes d’un Ministre de la République et particulièrement d’un Ministre de l’Éducation Nationale. Comment espérer affronter la complexité des crises que nous vivons quand des Ministres tiennent un discours de café du commerce ? Comment espérer trouver de réelles solutions aux maux qui nous accablent quand un Ministre, jouant les populistes, stigmatise, notamment, les universités et les humanités ?
Ainsi, soit le Ministre de l’Éducation nationale constate des faits délictueux dans les universités et saisit la justice, et le SNPTES sera à ses côtés, soit il présente ses excuses et arrête de divaguer. Le SNPTES attend également une réaction de notre Ministre de tutelle, Madame Frédérique Vidal pourquoi ce silence assourdissant ?
La période actuelle appelle chacun d’entre nous à être au niveau des enjeux et à la plus grande humilité. Le SNPTES demande au gouvernement d’être à la hauteur.